Ludovic Pommeret défie le temps. Celui qui se compte en bougies sur les gâteaux d’anniversaire. Mais aussi celui qui s’égrène en minutes, une fois le chronomètre lancé. En effet, à 49 ans, le coureur d’origine savoyarde vit une crise de la cinquantaine singulière : il continue d’écrire sa légende en remportant les plus grands ultra-trails du monde. Déjà vainqueur de l’UTMB et de la Diagonale des Fous, Ludovic Pommeret a accroché, cette année, un autre mythe à son palmarès, la Hardrock 100, effaçant au passage le précédent record de Kilian Jornet.
Ludovic Pommeret défie le temps. Celui qui se compte en bougies sur les gâteaux d’anniversaire. Mais aussi celui qui s’égrène en minutes, une fois le chronomètre lancé. En effet, à 49 ans, le coureur d’origine savoyarde vit une crise de la cinquantaine singulière : il continue d’écrire sa légende en remportant les plus grands ultra-trails du monde. Déjà vainqueur de l’UTMB et de la Diagonale des Fous, Ludovic Pommeret a accroché, cette année, un autre mythe à son palmarès, la Hardrock 100, effaçant au passage le précédent record de Kilian Jornet.
Rencontre avec un personnage attachant, qui boit du Drink Mix mais aussi l’élixir de longue vie.
*‘NÄAK CONSEILS’ est notre nouvelle série d’articles : une rubrique dans laquelle nos athlètes professionnels de trail et d’ultra-trail vous partagent leurs conseils et expériences afin que vous puissiez vous aussi atteindre vos objectifs le Jour J. Pour retrouver tous les articles de la rubrique, c’est par ici: blog nutritionnel.
RÉUSSIR LE DOUBLÉ HARDROCK-UTMB
Tu viens de réussir une année exceptionnelle, ponctuée d’une victoire à la Hardrock et d’un nouveau top 5 à l’UTMB, avec ton meilleur chrono sur la boucle autour du Mont-Blanc : où positionnes-tu cette saison dans ta carrière ?
C’est vrai que cette saison a le goût de la satisfaction. Je la situerais à un niveau équivalent à celles qui me voient gagner l’UTMB (2016) et la Diagonale des Fous (2021) : 2024 se positionne donc dans les 3 meilleurs millésimes !
Tu sembles progresser encore et encore, peu importe ton âge, défiant la loi du temps qui passe. Comment expliques-tu ce niveau de performance en 2024 ? As-tu mis de nouvelles choses en place ?
Je pense que ce niveau de performance est multifactoriel. Tout d’abord, contrairement aux autres années, j’ai peu couru en début de saison. Une blessure hivernale m’a empêché de mettre les dossards que j’épingle actuellement en ski alpinisme, notamment sur la Pierra Menta. J’avais donc plus de fraîcheur au printemps. Aussi, je me suis rarement autant investi dans une préparation qu’en amont de la Hardrock. En vue de m’acclimater à l’altitude, j’ai passé entre 10 à 18h par jour en tente hypoxique, pendant 3 semaines, à la maison, avant mon départ pour le Colorado. Je suis arrivé sur place 1 mois avant la course, puis, j’ai repéré le parcours dans son intégralité à 2 reprises, ce qui m’a permis d’effectuer du volume à un rythme très doux, et donc de poser de super bases aérobiques. Enfin, je pense avoir passé un cap d’un point de vue nutritionnel, grâce au travail effectué avec le Näak Lab. Avant, globalement, mon plan de nutrition se résumait à de l’eau, des gels énergétiques et beaucoup de sensations. Cette année, j’ai intégré un suivi glycémique sur mes courses de prépa pour analyser et effectuer les ajustements nécessaires ; j’ai diversifié mes apports en termes de nutrition de l’effort, avec le Drink Mix, les purées énergétiques, les gels spécifiques pour l’ultra-trail et les gaufres ; et surtout, je disposais d’un plan de nutrition réfléchi, structuré et spécifique pour chaque objectif.
Tu remportes la Hardrock 100 avec plus de 3h d’avance sur le 2ème, et tu bats le record de Kilian Jornet de 3 minutes (21h33 contre 21h36) : ce 12 juillet 2024, as-tu vécu la plus belle journée de ta carrière ?
Lorsque j’ai effectué la reconnaissance, le chrono de Kilian me paraissait stratosphérique. J’accusais du retard sur chaque segment. Mais le 12 juillet, tout s’est aligné. Je suis parti devant, à l’écoute de mon corps, dans l’optique d’amener cette sensation de confort le plus loin possible. Je suis resté très prudent et conservateur, j’attendais le moment où cela deviendrait compliqué, l’instant où j’entrerais dans la ‘pain cave’. Gérer les aléas, c’est le propre de l’ultra-trail, mais cette fois-ci, je n’y ai pas été confronté. Je redoutais le cauchemar, mais il n’est jamais venu : j’ai vécu une journée de rêve. C’est la première fois que cela m’arrive dans ma carrière, et je ne sais pas si je pourrais le réitérer. Je n’ai pas trouvé la recette miracle ! L’ultra-trail m’a d’ailleurs rappelé à l’ordre plus tard dans l’été, lors d’un UTMB qui fut beaucoup plus poussif en termes de sensations, même si la performance finale me satisfait. À Chamonix, j’étais dans le combat plutôt que dans le plaisir !
Justement, en parlant de l’UTMB : comment as-tu réussi l’enchaînement entre ces 2 ultra-trails mythiques, séparés de seulement 7 semaines ? Qu’as-tu mis en place pendant cette transition ?
Premièrement, j’ai opéré un changement d’ordre structurel : je me suis organisé pour travailler plus en début de saison (Il est ingénieur), et ainsi me détacher totalement du boulot cet été, du 15 juin jusqu’au 15 septembre. Forcément, cette liberté a favorisé ma récupération. Je sais aussi que la Hardrock et l’UTMB sont 2 ultra-trails qui se ressemblent, au sens où il faut développer des qualités à peu près similaires pour y performer. Ce qui est beaucoup moins vrai pour une Western States et un UTMB, par exemple, ce qui rend l’enchaînement plus difficile. Concrètement, entre le 13 juillet et le 30 août, j’ai très peu coupé : 2 jours après la Hardrock, je reprenais la rando-course ; puis, dès mon retour en France, j’ai enchaîné avec 2 tours du Mont-Blanc, avec les copains. Ma plus grosse semaine entre les 2 échéances se situe à S+4 de la course américaine et à S-3 de l’épreuve française : 220 km et près de 13 000 m de D+ en 7 jours.
« Je me suis rarement autant investi dans unepréparation qu’en amont de la Hardrock. » « Je pense avoir passé un cap d’un point de vuenutritionnel, grâce au travail effectué avec le Näak Lab. »
« Ma plus grosse semaineentre les 2 échéances se situe à S+4 de la course américaine et à S-3 del’épreuve française : 220 km et près de 13 000 m de D+ en 7 jours. »
LES CONSEILS DE LUDOVIC POMMERET POUR LA DIAGONALE DES FOUS
Avec 3 podiums (2009, 2014, 2019) suivis d’une victoire (2021), on ose affirmer que la Diagonale des Fous occupe une place à part dans ta carrière. Quels sont les éléments qui rendent le Grand Raid de la Réunion si unique et spécifique ? Quelles sont selon toi ses différences majeures avec les autre ultra-trails ?
Pour commencer, la technicité du parcours. On retrouve des chemins vraiment escarpés sur d’autres ultra-trails, mais ces portions sont plus courtes : à la Réunion, les segments techniques sont plus nombreux et surtout plus longs que la moyenne. L’atmosphère incroyable qui règne sur l’île peut également avoir un effet euphorisant, qu’il faut anticiper. Pour l’anecdote, l’année passée, j’ai couru la Diag’ avec ma femme. Sur les premiers kilomètres, avec l’ambiance, elle courrait à 4’30 min du km alors que son meilleur temps sur 10 km se situe plutôt au-dessus de 50 minutes, soit 5 min du km. Elle est clairement partie trop vite, à cause de l’euphorie. Un autre facteur différenciant réside dans le climat, très atypique. L’humidité est extrême et les deltas de température importants. C’est-à-dire qu’en moins de 24h de course, tu peux expérimenter le froid et la chaleur. Là-haut, en pleine nuit, le thermomètre peut afficher moins de 0° C, et remonter jusqu’à 35° C quelques heures plus tard. Il s’agit de se montrer vigilant quant à cette amplitude. Enfin, et c’est là l’une de ses spécificités principales, avec un impact réel sur l’ensemble de la préparation : le Grand Raid de la Réunion se court sans bâtons.
Une fois ces éléments singularisant identifiés, comment on se prépare à la Diagonale des fous ? As-tu des conseils spécifiques pour réussir son ultra-trail à la Réunion ?
Le premier des conseils, c’est de faire de la Diag’ son objectif annuel principal et construire son calendrier en fonction. Je recommande donc de monter progressivement en charge jusqu’au mois d’octobre, avec l’idée d’arriver frais à ce moment-là, en retardant un maximum le début de sa saison. Grossièrement, ne pas mettre des dossards dès janvier ou février ! Ensuite, il me parait fondamental d’effectuer la majorité de ses sorties et courses de prépa dans les « conditions du direct ». C’est-à-dire s’entraîner autant que possible sur des chemins similaires à ceux que l’on va retrouver le jour J – des sentiers techniques, de longues montées, des descentes raides – et toujours sans bâtons. Enfin, le Grand Raid de la Réunion étant bien souvent un projet de long terme – le Graal de nombreux ultra-traileurs – j’inciterais à mettre toutes les chances de son côté en se rendant sur place le plus tôt possible, afin de pouvoir s’acclimater à l’humidité, qui te percute vraiment lors des premières sorties sur l’île.
Anecdote symbolique : tu as découvert les produits Näak l’année dernière, sur la Diag, alors que tu accompagnais ta femme pour son premier ultra. Considères-tu la nutrition Näak et le travail effectué avec les équipes depuis comme un ‘game changer’ ?
Avant, je m’alimentais à la sensation, en tournant exclusivement à l’eau et aux gels énergétiques. La transition opérée en octobre 2023 m’a donc permis de passer un cap. Auparavant, en course, je pouvais connaître des troubles intestinaux limitants et de gros trous d’air d’un point de vue énergétique. Cela va beaucoup mieux désormais : j’ai moins de problèmes digestifs et plus de coups de mou ! Le suivi du Näak Lab s’avance comme un véritable plus dans ma performance. Nous coconstruisons un plan de nutrition spécifique avant chaque course. J’ai aussi été sensibilisé à l’intérêt d’apporter non plus seulement des glucides, mais également des protéines et des lipides à l’effort. Je ne fais pas encore de ‘gut training’. J’ai conscience de son importance, je vais m’y mettre : cela m’offre encore une marge de progression !
« À la Réunion, les segments techniques sont plusnombreux et surtout plus longs que la moyenne. »
« L’humidité est extrême et les deltas detempérature importants. C’est-à-dire qu’en moins de 24h de course, tu peuxexpérimenter le froid et la chaleur. »
« Je recommande donc de monter progressivement encharge jusqu’au mois d’octobre, avec l’idée d’arriver frais à ce moment-là, enretardant un maximum le début de sa saison. »
« Cela va beaucoup mieux désormais : j’aimoins de problèmes digestifs et plus de coups de mou ! Le suivi du NäakLab s’avance comme un véritable plus dans ma performance. »
« Nous coconstruisons un plan de nutritionspécifique avant chaque course. »
« J’ai aussi été sensibilisé à l’intérêtd’apporter non plus seulement des glucides, mais également des protéines et deslipides à l’effort. »
« Un réel coup de cœur pour le bouillon salé queje trouve absolument génial pour les nuits longues et froides passées dehors. »
MENTAL, MOTIVATION & RÉINVENTION: CONTINUER À ÊTRE UN DES MEILLEURS ULTRA-TRAILEURS DU MONDE À 49 ANS
Tu sembles avoir trouvé la pierre philosophale, l’élixir de jeunesse éternelle. Qu’est-ce qui te pousse à continuer ? As-tu des conseils pour durer au plus haut-niveau ?
Ce qui me motive chaque jour dans la démarche, c’est de me préparer au mieux pour une course. Je fonctionne au challenge : avoir un objectif de performance est clairement ce qui maintient la flamme. Si tu n’as plus de rêve, c’est difficile de continuer, de t’entraîner, de te transcender. Je dois concéder que je redoute, un peu, la peur du vide. J’ai peur de ne plus jamais revivre ces émotions intenses de partage et de liesse collective si je m’arrête. Mes conseils pour la jeune génération sont donc les suivants : cultivez vos rêves ; pratiquez le trail comme un sport collectif, surfez sur l’émulation ; et vivez à fond les émotions, les plus belles comme les plus dures...
Tu as quasiment tout gagné : qu’est-ce qui continue de te fait rêver à 49 ans ?
L’un de mes principaux de levier de motivation, aujourd’hui, ce sont les courses-voyages. Lorsque j’arrive à englober un objectif sportif au cœur d’une aventure familiale. Nous sommes allés en Argentine en début d’année et nous partons dans quelques jours, en Turquie, afin de participer à un relais à 3 avec ma femme et ma fille. Le Japon, l’Amérique du Sud, l’Asie et le Mexique nous attirent énormément. L’année prochaine, j’ai aussi pour objectif de réitérer l’enchaînement Hardrock – UTMB, d’autant plus que la course dans le Colorado s’effectuera dans le sens inverse. Puis, plus tard, lorsque je serai vieux, je m’attaquerai à d’autres mythes comme le Marathon des Sables ou le Tor des Géants ! (Sourire)
Tu as toujours fait preuve de beaucoup de franchise quant à ton mode de vie et certains écarts alimentaires : en quoi ce détachement est l’une des clés pour s’inscrire dans le temps long ?
Même si le paysage est souvent grandiose, nous pratiquons un sport difficile, parfois ingrat, qui nécessite beaucoup d’engagement et de nombreuses concessions. Il me parait donc fondamental de savoir lâcher-prise sur certains aspects. L’alimentation en fait partie. Attention, je mange globalement très équilibré ! Simplement, je concède qu’il m’arrive de forcer un peu sur la charcuterie et les sucreries. Ma femme me dit que si je ne faisais pas d’ultra-trail, je serais en surpoids ! (Sourire) Plus sérieusement, je suis convaincu que ce détachement bien localisé dans le temps, en fonction des périodes, est ce qui me permet de me discipliner quelques semaines en amont d’un objectif, et d’arriver frais mentalement sur mes objectifs, pour aller loin dans le dépassement de soi.
« Je fonctionne au challenge : avoir unobjectif de performance est clairement ce qui maintient la flamme. Si tu n’asplus de rêve, c’est difficile de continuer. »
« L’un de mes principaux de levier de motivation,aujourd’hui, ce sont les courses-voyages. Lorsque j’arrive à englober unobjectif sportif au cœur d’une aventure familiale. »
« Plus tard, lorsque je serai vieux, jem’attaquerai à d’autres mythes comme le Marathon des Sables ou le Tor desGéants ! »
« Nous pratiquons un sport difficile, parfoisingrat, qui nécessite beaucoup d’engagement et de nombreuses concessions. Il meparait donc fondamental de savoir lâcher-prise sur certains aspects.L’alimentation en fait partie. »
LE BEST-OF DE LUDO
Votre produit Näak préféré ?
« Celui qui a vraiment boosté ma pratique, c’est le Drink Mix salé, que je bois chaud, pendant la nuit, durant les ultra-trails »
Gels énergétiques préférés ?
« Les prototypes à venir du Näak Lab, que j'ai utilisés lors du Hardrock et de l'UTMB. »
Quelle est votre purée énergétique préférée ?
« La purée de patate douce. Car le sucre m’écœure après plusieurs heures de course »
Gaufre préférée ?
« La gaufre au caramel beurre salé , même si je suis Savoyard et non Breton !! »
Dejar un comentario